Une grande injustice!

J’ai eu des problèmes de santé mentale et physique dans ma jeunesse et j’ai aussi vécu des abus sexuels. Je suis partie de ma région natale parce que tout le monde connaissait mon passé et que je ne me sentais pas bien. Je me sentais toujours à part des autres, j’avais été dans une école spéciale pour les enfants en difficulté où on allait à notre rythme et je me sentais à part, je ne parlais à personne, je ne disais pas un mot. Je manquais beaucoup l'école parce que j’étais tout le temps malade. Je n’avais pas de suivi en santé mentale, c’était pas quelques chose de connu à l’époque.

Un jour à l’école j’ai reçu un coup de règle sur les cuisses et ça m’a fait haïr encore plus l’école. Et ils ne nous aidaient pas dans nos devoirs, j’aurais eu besoin de plus d’aide. J’aurais aimé ça être comme tout le monde.

J’ai déménagé, je suis partie de ma région, et je me sentais mieux avec des étrangers qu’avec ma famille, parce qu’avec ma famille je me sentais toujours jugée.

Il y a quinze ans, je suis allée au SIMO pour essayer de travailler et ils m’ont dit que j’avais trop de problèmes de santé mentale pour travailler et c’est là que je me suis retrouvée sur les rentes d’invalidité.

J’ai eu accès à un logement subventionné à l'Office Municipal d'Habitation de St-Hyacinthe en 2004, à cette époque-là ça allait mieux, j'avais deux chiens et je me promenais beaucoup avec eux, je marchais, ça me faisait du bien, c’était mes petits amours. Mais un moment donné j'ai eu des problèmes, des agressions, je ne me sentais plus en sécurité, j'ai arrêté de marcher. Pendant quatre ans on m'a harcelée, ils se foutaient de ma santé.

Et c'est à partir de là que mes problèmes de santé ont empiré. Je fais de la fibromyalgie et j'ai des problèmes de dos. J'avais demandé un premier plancher mais ils n'ont jamais voulu m'en donner un. C'est là que j'ai vu que les HLM avaient le pouvoir sur moi. Quand on est vulnérable on ne peut pas se défendre.

Je suis tombée en dépression et je me suis retrouvée à l’hôpital en 2014 pendant un mois. Quand je suis retournée chez moi, l’appartement avait été vidé et ma sœur avait du venir prendre mes chiens. Mes meubles et la nourriture étaient perdus, et je n'avais pas les moyens de me racheter des meubles ni de la nourriture. Le conseiller municipal a fait changer mes serrures de boite a malle et j'ai perdu tout mon courrier. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais perdu mon logement, je n’avais jamais embêtée personne... je m’occupais de mes affaires... mais des fois j’ai de la difficulté à m’exprimer, je cherche mes mots, peut-être que je n'étais pas toujours claire.

Je suis allée en hébergement. Et par la suite j’ai habité chez ma mère pendant un an suite au décès de mon père. J’ai aussi habité en chambre et j’ai eu une mauvaise expérience, le colocataire prenait ma nourriture et écoutait de la musique très forte. Je suis allée habiter chez une amie en attendant que je me trouve un endroit à moi, j’étais toujours stressée, speedy, je vivais toujours sur un stress, c’était l’enfer. J’ai été hospitalisée plusieurs fois, je leur demandais à m’aider un logement mais je n’ai jamais eu d'aide de la part du réseau.

J’ai appelé partout, j’ai demandé de l’aide dans le communautaire, j’y ai été en hébergement, j’aurais voulu avoir du logement subventionné et je n’ai pas eu de réponse favorable. Je trouvais que je m’ennuyais là-dedans... je ne sentais pas appartenir au groupe...Un moment donné, j’ai rencontré un psychiatre qui m’a donné une bonne médication, je me sentais mieux et j’ai dû quitter le logement communautaire pas longtemps après.

Finalement, je me suis trouvé un appartement dans le privé, au début ça me faisait peur à cause des coûts, et ma mère, qui habite au Lac St-Jean, m’a aidée pour payer l’électricité et pour m’aider pour la nourriture, alors que je recevais de l’aide sociale. L’aide sociale a appris que je recevais de l’aide et ils m’ont annoncé que je devais rembourser les montants reçus. Au téléphone, je leur ai expliqué que j’avais été dans la marde pendant 3 ans, que j’avais tout perdu, que j’avais dû repartir à zéro, que j’avais déménagé plusieurs fois, que j’ai été trois ans sans logement. Je leur ai expliqué que j’étais obligée de recevoir de l’aide parce que je n’arrivais pas, autrement. Ils m’ont dit que je devais rembourser l'équivalent des montants que j'avais reçu, que j’avais juste à me prendre un logement subventionné si je n'avais pas les moyens d'être dans le privé... et je les ai envoyés promener! Tsé, je commence à m’en sortir et ils sont sur mon dos! Un moment donné, je ne suis plus capable! Ils sont sur mon dos, je n’ai plus de santé... ça me fait pogner les nerfs!

Quand ils ont dit que je devais rembourser, j’ai dit à l’agente du Centre local d’emploi de Longueuil, la semaine dernière, que c’était des plans pour emmener le monde à se suicider, et ils m’ont demandé d’appeler la ligne d’urgence-suicide, pis je leur ai dit «vous allez être ben trop contents, j’ai même pas le goût de vivre avec vous autres!». Ils ont appelé la police et les policiers sont passés chez moi pour vérifier comme j’allais, et ils m’ont envoyés à l’hôpital deux fois. À l'hôpital, ils m’ont renvoyée chez moi mais je suis sous surveillance, je dois les appeler à tous les soirs.

Ils n'ont jamais réussi à m'aider convenablement, quand j'espérais qu'ils fassent des changements dans ma médications et ils me renvoient à mon médecin.

Mon médecin me dit qu'elle ne sait pas quoi me donner que je les ai tous essayé.

Maintenant je ne dors pas, j’ai des problèmes de sommeil, les pilules ne fonctionnent plus, les policiers me guettent parce que je pense au suicide, je me sens surveillée et je suis stressée.

Même aujourd’hui je ne parle pas beaucoup avec ma famille parce que j’ai peur de me faire juger.  Ils ne comprennent pas c’est quoi mon problème de santé, ils ne comprennent pas c’est quoi le manque que j’ai eu quand j’étais jeune.

Une citoyenne de St-Hyacinthe