Hospitalisée pendant la pandémie

Il y a quelques mois, j’ai fait une tentative de suicide. Ils m’ont emmené à l’hôpital Anna-Laberge, qui n’est pas celui auquel je vais normalement. J’y ai été gardée une nuit en psychiatrie. À cause du transfert d’établissement vers Charles-Lemoyne, ils m’ont isolée pendant cinq jours à l’hôpital où j’arrivais, dans une chambre où j’étais seule. Il y avait une chaise de toilette, une table pour manger et mon lit. J’étais super bien traitée, tous les jours il y avait une infirmière et aussi un étudiant rattaché à moi qui passait prendre de mes nouvelles. L’infirmière passait pour voir si j’avais besoin de parler, tous les jours…au début je trouvais que le temps était long, il n’y avait rien à faire. J’en ai parlé aux infirmières qui ont emmené des mots cachés. Les étudiant.e.s étaient gêné.e.s mais sympathiques. Un psychiatre passait aussi chaque jour, c’était celui de l’étage, pas le mien, mais il était ok. 

Avec le temps qui passait, j’ai changé de niveau d’urgence, j’ai eu le droit de porter des vêtements, j’ai pu enlever la jaquette d’hôpital que je devais porter au début. Un homme a dit qu’il était resté huit jours en urgence psychiatrique. Mais de mon côté, ça se passait bien, je sentais que le personnel était attentionné. Il me disait que je pouvais sonner en tout temps si j’avais besoin de quelque chose. 

Au bout d’un moment, j’ai été transférée dans une autre chambre, avec une autre fille, ça brisait l’isolement, on s’entendait bien. J’avais alors le droit de sortir de ma chambre, aller écouter la télé, jaser avec du monde. Je suis restée là deux jours. 

C’est bizarre hein, mais j’ai été mieux que des fois où j’ai été hospitalisée avant. Le traitement était meilleur, j’ai été bien traitée, j’ai passé des examens physiques pour m’assurer que tout était beau lorsque j’ai eu des nausées. L’infirmière a appelé aux cuisines pour demander des sandwiches pour elle plutôt que ce soit les repas classiques… 


Les étudiants infirmiers étaient le fun, les moments où je pouvais parler avec d’autres, c’était toujours apprécié. Depuis ma sortie, je vois une psychologue aux deux semaines, je suis suivie chaque mois par mon psychiatre, je suis bien entourée. Si j’ai besoin d’une travailleuse sociale, il y en a une attitrée à mon dossier. Je me sens chanceuse, c’est pas tout le monde qui a un aussi bon suivi. Avec mon psychiatre, on peut parler 45 minutes dans le bureau, il écoute ce que je dis, il ne fait pas chick-a-chick (bruit de carte de crédit). Et je fais de la thérapie avec les chevaux, et je t’avouerais que mon niveau d’anxiété a baissé. Elle me donne des trucs si je vois et j’entends des personnages, j’essaie de leur donner de l’amour. Ça a marché pour les sortir de ma salle de bain, mais pas encore de ma chambre. C’est le fun, on parle aux chevaux avec notre coeur, et ils sont sensibles à ça.

Anne-Marie BoucherCOVID