Le pouvoir des petites choses

« Pense aux petites choses qui te font plaisir ». Une phrase que j'ai quelque fois entendue dans certains de mes moments sombres. Je me disais alors « bon, encore quelqu'un d'un peu ésotérique qui pense que tout se règle en faisant du yoga ou en faisant confiance aveuglément à l'astrologie. Non, ça ne suffit pas. Ce ne sont pas les « petites choses » que j'aime qui vont régler mes problèmes. En revanche, j'ai réalisé que j'ai besoin de ces choses, en quelque sorte, pour me ramener au moment présent.

Pendant le confinement j'ai eu énormément de temps de ruminer de vieux souvenirs ou faire de longues recherches sur mon ordinateur, qui pouvaient parfois me rassurer, parfois m'angoisser. Plutôt que de prendre soin de ma santé mentale, j'essayais de trouver des façons de la valider sans cesse. De l'expliquer. De diagnostiquer quelque chose qui ne va pas chez moi, d'autant plus que de tous les diagnostics que j'ai pu recevoir, en troubles neurologiques ou en santé mentale, aucun ne met réellement un mot sur ce que je vis. Rechercher et valider mes ressentis, tout comme mes difficultés c'est important, mais j'ai tout de même besoin de me retrouver. De savoir ce que j'aime et d'y consacrer du temps. Faire des découvertes s'il le faut. Si j'écris à ce sujet, c'est parce que j'ai négligé cela énormément au cours des derniers mois.

J'ai donc fait une liste de petites choses qui ne me sauveront pas forcément, mais qui pourraient tout simplement me faire du bien.

Il y a l'automne, les bandes dessinées, les chiens courts sur pattes, les épiceries européennes, le chocolat noir, les smoothies, les grosses pantoufles, Beau Dommage, ma soeur, la trilogie du Seigneur des Anneaux, le parc Maisonneuve, le spaghetti, le vin, la forêt, Jean Leloup, les frites... pas besoin que ces choses soient pertinentes aux yeux des autres. J'ai seulement besoin de me dire « En ce moment je peux être moi-même à cent pour cent. Qu'est-ce que j'ai envie de faire »? Il n'y a absolument rien de mal à ça. Avoir du plaisir, c'est valide. Avoir du plaisir sans forcément avoir une idée précise du bonheur l'est aussi, à mon avis. Je suis plutôt hédoniste par nature et c'est correct comme ça.

Anne-Marie BoucherCOVID