Les montagnes russes

13 mars 2020, oh! On doit se confiner, ok c’est même un peu drôle! Oups, on doit le faire pour 14 jours : ok c’est gérable, je vais en profiter pour m’avancer, faire du ménage, comme ça je vais être libre pour l’été. En plus, c’est vraiment drôle la folie furieuse du papier de toilette.

On approche du 14 jours,  on doit faire un autre 14 jours : ouains c’est moins drôle. Moi, après 3 jours dans la maison, je capote. Je commence à être paniquée, j’ai peur, je suis stressée, c’est rendu physique. J’ai mal au côté depuis plusieurs jours, je vais souvent aux toilettes, je n’arrive pas à bien dormir car quand je me couche, mon petit hamster fait son apparition.

 Quelqu’un m’a apporté un peu de nourriture… D’un coup que les produits qu’on m’a apporté sont contaminés?? Me suis-je assez lavé les mains?

Depuis que je résous des choses de l’extérieur, je suis plus paniquée dans le fond. Le 11 mars, jour de ma fête, je ne suis pas sortie à part de petite marche mais un problème s’ajoute : c’est le nerf sciatique coincé alors encore prise chez moi. Pourquoi je ne vais nulle part?  J’ai une santé extrêmement fragile… en plus je n’ai pas de rate donc je suis fragile à attraper les virus.

Je meurs d’ennui. Je suis seule dans mon petit appartement. Je suis une bécoteuse, une colleuse, j’aime être en contact avec les gens, seule pendant 2 mois ce n’était pas prévu et c’est pas demain la veille que ça va changer…

Hier soir et toute la nuit j’ai pleuré, je voyais des gens à la télé se faire des accolades,  se donner la main, et des bisous. Je suis terriblement en manque de tout ça. Mes implications au conseil d’administration ça me faisait tellement du bien quand je les vivais en présence.

Ma petite fille est venue au monde il y a 2 semaine je n’ai pas eu la chance de la voir ni prendre dans mes bras… depuis une journée je me sens mieux, mon médecin m’a donné d’autres antidépresseurs. Ça m’aide un peu, mais je vis tellement dans mes douleurs que ça fait mal. De plus je me dis : « si il se passe de quoi et que je dois aller à l’hôpital…oh non j’ai bien trop peur d’y aller alors je mets un pansement sur mon bobo. Je n’appelle pas les gens car c’est gênant de dire ce qu’on ressent, car tout le monde vit ça à sa façon.

Alors après 2 mois dans mon logement je me sens paralysée pour faire des choses, je pleure aux 2 jours et j’ai l’impression qu’il me faudrait un médicament pour me détendre car je vais exploser. Je vais faire ma première sortie de chez moi : épicerie pour m’acheter des trucs essentiels...voilà comment je vis la situation. Il n’est pas question non plus d’aller me recueillir dans un centre de jour. Alors j’avale. J’avale. J’ai peur.  

Une citoyenne de St-Jérôme

Anne-Marie Boucher