Crier au secours trop fort!

On se réveille et on réalise qu'on est sous garde en établissement. La seule personne à n’être pas mise au courant des dispositions et du processus de la garde en établissement est la personne concernée. Notre ignorance quant aux conséquences viendra s’ajouter. Elle va, cette garde en établissement, engendrer un processus d’autodestruction; peu d’informations seront échangées ce qui ne m’a laissé aucun choix que de traverser cette période en garde d’établissement et de vivre toutes les conséquences qui ont eu pour effet de briser mon plan de vie qui alors était familial. Je remarque en la garde en établissement que l’on ne tient pas compte réellement de chaque personne dans sa globalité. On nous soumet à un diagnostic général qui semble nous convenir et tout s’enclenche.

Nous ne pouvons faire marche arrière, nous avons crié au secours trop fort. Selon ce que je vivais, crier à l’aide m’a amenée à me faire tabasser de médicaments et vivre des souffrances psychologiques atroces (être séparée de mes enfants) J’ai été contentionnée physiquement et psychiquement, on m’a blessée par des interventions non prescrites, on m’a rendu inutile à la société par grand moment, j’ai perdu l’estime de soi, mon moi en a pris durement un coup, mes droits n’ont pas été respectés et j’en passe…

Je ne méritais vraiment pas ça, j’avais seulement un chagrin qui ne pouvait être consolé à ce moment à l’âge de 27 ans. Aujourd’hui, j’ai traversé avec obstination et courage bien des défis et je n’ai en aucun moment cessé d’espérer retrouver celle que j’étais, je crois y être arrivée.

La garde en établissement peut contribuer dans un court moment à identifier les besoins de la personne complètement égarée et sans aucune autre alternative. Mais en général, je crois que l’on ne tient pas compte de l’essentiel, c’est-à-dire: aider la personne à reprendre ses sens puisque premièrement on la contentionne avec de fortes doses de médicaments. Puis on la retire de son monde en l’isolant. 

Nous nous sentons coupables d’un crime que nous ignorons. Nous ne comprenons plus ce qui s’est passé et débutera un calvaire dont seule la volonté de vivre peut nous aider à s’en sortir.

La garde en établissement fait silence sur notre vie et nous impose de devenir un cas, un cas bien diagnostiqué, un cas qui doit répondre aux interventions posées, un cas pris en charge et dirigé sans son consentement ni informé, un cas qui portera une empreinte toute sa vie…

Une citoyenne de Montréal



Anne-Marie BoucherViolence